B. Brecht

Bertolt BRECHT  (1898 – 1956)

Bertolt Brecht est un auteur, théoricien, metteur en scène et directeur de théâtre majeur du XX^éme siècle.

Né à Augsburg ( Bavière) en 1898, il est inscrit dès 1923 sur les « listes noires » d’Hitler ;  il vécut plus de 15 ans en exil, sur le continent européen puis aux Etats-Unis, toujours chassé, poussé vers l’avant par la « peste brune » et l’avancée de l’armée nazie. Il mourut en 1956, à Berlin-Est, ayant délibérément choisi d’unir son sort à celui de la République démocratique allemande ( DDR). Il était alors directeur du Berliner Ensemble.

Auteur de plus de 40 pièces, dont L’opéra de Quat’sous, Mère Courage et ses enfants, Grand’peur et Misère du III éme Reich, La vie de Galilée, pour  ne citer que les titres les plus connus, Brecht a contribué au renouvellement du théâtre, de ses codes et de ses fonctions, notamment en théorisant le fameux Verfremdungseffekt , un ensemble de procédés interdisant au public de s’identifier au personnage, de prendre la fiction pour la réalité, de succomber à l’illusion théâtrale en le renvoyant à sa condition de spectateur. Ces procédés de distanciation, il n’en est pas l’inventeur : il s’est inspiré de la tradition du théâtre japonais ou chinois ;  mais il les a théorisés, systématisés et appliqués au théâtre occidental. Ses réflexions, notes de travail, essais théoriques,  rassemblés dans le  « Petit organon pour le Théâtre, les « Écrits sur le théâtre » et le « Journal de travail »  sont des outils indispensables à la connaissance et la pratique du théâtre contemporain.

Brecht veut un spectateur « éveillé » et curieux qui découvre, non pas une vision familière du monde dans lequel il vit, mais une vision insolite, qui s’en inquiète et s’interroge .

«  Vous qui avez vu un évènement ordinaire
Un évènement comme il s’en produit chaque jour
Et cependant nous vous en prions
Sous le familier, découvrez l’insolite
Sous le quotidien, décelez l’inexplicable
Puisse toute chose habituelle vous inquiéter »

 Ce spectateur se dira : «  Je n’aurai jamais imaginé une chose pareille. On n’a pas le droit d’agir ainsi. Voilà qui est insolite, c’est à n’en pas croire ses yeux ! Il faut que cela cesse. La douleur de cet être me bouleverse parce qu’il y aurait tout de même une issue pour lui. C’est là du grand art : rien ici ne semble inévitable. »

Car le théâtre, un théâtre populaire qui réponde aux vœux de Brecht,

a pour vocation de changer le monde !