France Culture : Hors Champs – Laure Adler
Première d’une série de quatre émissions en compagnie d’Ariane Mnouchkine, metteur en scène, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil. Une première émission autour de ses débuts et de l’idée de transmission
Ariane Mnouchkine – ses débuts
Deuxième émission sur quatre de la série consacrée à Ariane Mnouchkine, metteur en scène, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil. Un deuxième entretien autour du processus de création
Troisième émission sur quatre d’une série en compagnie d’Ariane Mnouchkine, metteur en scène, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil. Un entretien autour du choix des thèmes, de l’imaginaire et du travail de l’acteur…
l’imaginaire et le travail de l’acteur
Quatrième et dernière émission de la série consacrée à Ariane Mnouchkine, metteur en scène, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil. Un entretien autour du cinéma, de la pratique théâtrale, de la vie de troupe, des engagements et de l’avenir…
Ariane Mnouchkine, metteur en scène
La cartoucherie :
un rêve poétique, politique et artistique
« Grâce à qui peut-on encore avoir, en France, un outil de travail aussi splendide, aussi modeste, aussi libre, aussi charmant, n’ayant jamais connu le licol institutionnel puisque l’ayant toujours furieusement refusé, un lieu aussi ouvert, aussi simple à partager que cette cartoucherie ? et je me disais : mais c’est d’abord grâce à ces hommes et à ces femmes qui, aux heures les plus sombres de la guerre, rêvaient la France d’après la guerre et je pensais à eux. Pendant l’occupation, pendant une époque d’une cruauté oubliée en Europe aujourd’hui, tandis que régnait dans le pays une lâcheté contagieuse et dévastatrice, il y avait par-ci par-là, des hommes et des femmes qui se réunissaient clandestinement, bien sûr pour faire sauter des trains, bien sûr pour mener les combats de la Résistance, mais aussi et peut-être avant tout, pour écrire la Constitution de la France d’après-guerre, pour rêver la France d’après la guerre. Ils projetaient les écoles, l’université, la sécurité sociale, la culture, les théâtres de la France libérée et de nouveau debout. C’est grâce à ces gens-là que nous sommes encore ici aujourd’hui, réunis dans cette nef. On ne le sait plus, et je ne suis pas sûre, qu’artistes ou personnel politique, nous soyons toujours suffisamment fidèles à ce rêve.
Cependant il y a des gens, il y a des artistes, il y a des troupes – le Théâtre du Soleil fait partie de ces troupes, il y a même des hommes et des femmes politiques – qui s’efforcent d’être fidèles à ce rêve, le rêve d’un pays cultivé, d’un pays savant, d’un pays où l’ignorance est reconnue comme la maladie la plus grave à guérir en tout premier lieu, et où l’éducation artistique est une cause nationale. C’était ce rêve poétique, politique, artistique, que la Cartoucherie allait nous permettre de vivre, nous le savions, lorsque, avec la complicité de Janine Alexandre-Débré et de Christian Dupavillon, nous l’envahîmes en août 70.
Une friche inouïe, impériale, aussi bien cachée dans le bois de Vincennes qu’Angkor le fut pendant mille ans dans la jungle Cambodgienne. Nous étions ses découvreurs, ses envahisseurs, ses libérateurs, ses métayers, c’est nous qui allions « la rendre meilleure », nous et ceux qui nous rejoindraient. Ce serait nous, les désobéissants disciplinés, qui ferions de ce lieu un palais des merveilles, un havre de théâtre et d’humanité, un laboratoire de théâtre populaire, un champ d’expérimentation et d’apprentissage à perdre haleine. Un paradis du peuple. Nous en serions les serviteurs, jamais nous n’en deviendrions les rentiers exclusifs. Aucun ministère au monde ne pourrait nous dicter quoi que ce soit d’autre que ce que nous considérions déjà comme notre devoir sacré : rendre heureux le plus grand nombre de gens possible. Aucun égoïsme corporatiste au monde ne nous ferait jamais jeter dehors, à peine la représentation terminée, le public qui nous aurait fait l’honneur de vouloir vivre deux, ou quatre, ou dix heures avec nous, à la recherche du théâtre c’est-à-dire à la recherche de l’humain ».
Ariane MNOUCHKINE
A présent suivez- nous : la Cartoucherie, mode d’emploi !
En arrivant, la première vision du Théâtre du Soleil qui s’offre au visiteur est celle des trois Nefs
En vis-à-vis …
Les roulottes : un hébergement de fortune
qui ne reste jamais longtemps inoccupé !
La billetterie… vos places sont réservées …ou bien on vous inscrit sur une liste d’attente…et vous espérez être casés sur une marche !
La porte : On fait la queue pour entrer …
Ariane frappe les trois coups, la porte s’ouvre …
le Hall d’accueil : un univers fabuleux s’offre à vos yeux émerveillés …
Les places : pour commencer, vous êtes invités à
choisir votre place sur un grand tableau
L’on vous dirige ensuite vers la salle de spectacle
où vous collez l’étiquette portant le numéro de votre place
au bon endroit sur la banquette.
La salle de spectacle : Sur la scène, le décor de La Ronde de nuit
Vous voilà libres à présent :
vous disposez d’une bonne heure pour doucement
vous laisser gagner par la magie du lieu.
La mappemonde et le décor s’inspirant de l’éditeur Hetzel
(celui de Jules Verne),
pour Les Naufragés du Fol Espoir
Les fresques : Vous commencez par faire le tour du vaste Hall d’accueil
pour en admirer les décorations entièrement renouvelées pour chaque spectacle.
La fresque à l’effigie de Shakespeare pour Macbeth
Puis le moment est venu de se diriger vers le comptoir
pour choisir son menu
Le Théâtre du Soleil convie son public à se restaurer avant chaque représentation.
Un menu, souvent aux consonances orientales, préparé avec soin par les cuisiniers de la troupe et servi par les nombreux bénévoles du Soleil (et les comédiens !) vous est proposé dès votre entrée dans la grande salle. Pour quelques euros, vous pouvez vous plonger dans un univers aux saveurs lointaines et découvrir une culture nouvelle, le plus souvent liée à celle du spectacle présenté. Le partage de la nourriture devient une sorte de rituel qui vous inscrit dans un groupe au sein duquel vous allez vivre, ensemble, l’expérience d’une représentation unique.
Ensuite direction : la salle de spectacle !
En passant devant les loges vous ne manquerez pas d’observer, à travers un voile en dentelles, les comédiens se préparant pour le spectacle : maquillage, coiffure, ajustements vestimentaires.
La loge de Les Naufragés du Fol Espoir
Et enfin, le moment tant attendu : le début du spectacle !!!
Il ne vous reste plus qu’à vous abandonner quatre heures durant à un enchantement permanent.
Merci ! Bravo et Merci ! Le spectacle à peine terminé … vous en redemandez .
Pour finir, une visite virtuelle en 3D, réalisée en 2010 par Kieven Bengel, un élève de l’option théâtre du Lycée Schuman de Haguenau.